LE MANGER MAIN POUR RETROUVER LE PLAISIR DE MANGER !
Prendre ses couverts pour manger est depuis bien longtemps dans les mœurs, même s’il n’en a pas toujours été ainsi… et dans certaines régions du monde, manger avec les doigts est même une tradition ancestrale et culturelle.
Cette pratique peut surprendre ou choquer. Toutefois, on peut y trouver un côté pratique, convivial ludique et même régressif. C’est d’ailleurs le principe et l’engouement de ces dernière années pour la « finger-food ».
C’est aussi ce qu’on laisse parfois faire aux jeunes enfants qui ont encore du mal à apprivoiser de nouveaux aliments et à tenir leurs couverts.
Et dans certaines situations, cela peut faciliter la prise alimentaire.
Pour les séniors par exemple, lorsque l’appétit diminue ou qu’il devient plus difficile de saisir des couverts, il est important de trouver des astuces pour éviter une éventuelle dénutrition.
LA FAIM DIMINUE AVEC L’ÂGE
On ne mange pas de la même façon à 70 ou 80 ans qu’à 20 ans. Et parfois, certains aliments, autrefois appréciés, font moins envie.
Cela peut s’expliquer de différentes façons :
- Des problèmes de dentition qui ne facilitent pas la mastication,
- Des enzymes salivaires moins présentes qui limitent la dégradation et la digestion des aliments,
- Une moins bonne perception de certains sens comme la vue et l’odorat qui peuvent diminuer au fil de la vie. Or ce sont les premiers sens utilisés pour déguster un aliment et nous mettre en appétit
- La prise de médicaments qui peut limiter la sensation de faim
- Une activité physique qui diminue avec l’âge et n’invite plus à ouvrir l’appétit
- Une maladie qui altère les capacités cognitives ou motrices de la personne :
- Dans la maladie d’Alzheimer, il peut arriver que la personne oublie à quoi servent les couverts ou joue avec la nourriture.
- Dans le cas de la maladie de Parkinson, il peut devenir difficile et décourageant de manger en autonomie.
LE MANGER MAIN, EN QUOI CELA CONSISTE-T-IL ?
Le manger main a été imaginé au début des années 2000 pour redonner du sens à l’alimentation des séniors, rompre les difficultés de prises alimentaires, leur permettre de garder leur dignité, favoriser leur autonomie et conserver leur plaisir gustatif.
Il s’agit de proposer des aliments faciles à prendre en main, à manger en 1 à 2 bouchées, suffisamment nourrissantes et qui donnent envie.
Cette pratique est bien connue en milieu hospitalier et dans les EHPAD.
Elle peut aussi s’inviter à la maison pour accompagner au mieux les personnes en perte d’autonomie.
COMMENT S’Y PRENDRE ?
Nul besoin de réaliser un repas spécifique pour la personne… Il faut continuer à préparer les menus habituels pour toute la famille et les adapter pour la personne qui en a besoin.
Le plus souvent, on part d’un repas solide que l’on peut :
- Gélifier : avec de la gélatine alimentaire (pour les préparations froides), de l’agar agar, de l’œuf ou de la maïzena (pour les préparations chaudes)
- Épaissir : avec de la farine, de la maïzena, de l’œuf, de la crème, des graines oléagineuses en poudre
- Mixer : en cas de problèmes de déglutition (puis épaissir ou gélifier)
- Enrichir : en prévention de la dénutrition (avec de l’œuf, de la crème, du beurre, du lait concentré sucré, …)
Les présentations se font sous forme de quiches, cakes, boulettes, dés ou billes de fruits et légumes.
Pour se faciliter la tâche, on peut :
- S’équiper de mini moules en silicone, d’une cuillère parisienne, de gourdes réutilisables pour y mettre des compotes, des potages, des yaourts, ….
- Congeler les préparations et les ressortir au fur et à mesure des besoins.
- Les servir tiédies ou froides pour éviter que la personne se brûle.
- Acheter une assiette à bords hauts ou placer les aliments dans des bols (pour rendre plus facile la prise en main, notamment pour les aliments ronds).
- Il est toujours intéressant de laisser des couverts à disposition :
- Pour éviter de stigmatiser la personne
- Pour lui laisser le choix entre les couverts et le manger main.
La fausse bonne idée : laisser des petits pics à disposition… La personne pourrait se blesser.
Une bonne hygiène des mains est bien sûr indispensable pour la mise en place du manger main.
Quelques exemples concrets :
- Pour les fruits et légumes : coupés en dés, en bâtonnets, billes, …
- Pour les féculents : des boulettes ou palets de légumineuses, des grosses pâtes farcies, des crêpes roulées et coupées en tronçons, des wraps tartinés et coupés en rondelles, des quiches et tourtes
- Pour les viandes et poissons : des boulettes, des pâtés de viande ou pains de poisson (préalablement mixés et épaissis avec un œuf par exemple)
- Pour les laitages : des bâtonnets de fromage, des boules ou des cubes de fromage frais, du yaourt.
- Pour l’eau : à verser dans un gobelet adapté, à prendre avec une paille ou à gélifier.
Si besoin, il existe de nombreux accessoires qui facilitent la prise des repas :
- Des assiettes et plateaux avec ventouse pour ne pas les faire tomber
- Des verres avec des anses larges plus faciles à attraper
- Des gourdes avec paille pour éviter de renverser
- Des couverts à manche plus épais pour une préhension facilitée.
COMMENT REDONNER LE GOÛT DE MANGER ?
La vue et l’odorat sont très importants et nous font facilement saliver.
- Associer la personne à la préparation du repas lui permet de toucher et sentir les aliments.
- Préparer des assiettes colorées et bien présentées donne plus souvent envie.
- Commencer le repas par une saveur sucrée va ouvrir l’appétit.
- Proposer des aliments qui ont des saveurs plus marquées en utilisant du fromage, des épices, des aromates.
- Laisser à disposition des sauces, si possible assez épaisses, pour le côté ludique et régressif.
- Fractionner les repas est également un bon moyen pour les petits mangeurs.
- Laisser certaines préparations à disposition dans la pièce de vie permet de venir picorer au gré des envies.
QUELQUES LIENS UTILES
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